Le nouveau Nador
Souvent au Club Nautique, au coucher du soleil,
Légèrement je m'assieds scrutant mon café;
Je jette au hasard mes regards sur la corniche,
De ma méditation, des scènes m’arrachent.
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Ici se balance un groupe de jeunes dévergondés,
Ils rient, crient et s'enfoncent vers le Saint Sidi Ali;
Là des filles aux vêtements transparents et décolletés,
Te jettent des regards alléchants et te laissent ahuri.
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Sur les estrades de Sidi Ali, s’assoient des familles,
On dirait des pêcheurs préparant leurs appâts.
C’est l’heure de pêcher un homme pour leur fille
Mais les hommes passent sans mordre l’appât.
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Au milieu : des hommes, des femmes, des petits
Vieilles et vieillards circulent comme des fourmis,
Ils vivent le moment et se dégourdissent les pieds
A leurs bruits se mêlent musique de belles mélodies.
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Je sirote mon café, sursaute à coups de klaxons
Une voiture de là-bas, sûrement prise à petit crédit
Réveille les fourmis par son moteur qui vrombit
La portière s’ouvrit, s’y glisse alors une fille canon
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Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Tout devant moi se change, et mon cœur s’émeut
Devant ces scènes annonçant le nouveau Nador
Et je dis: notre présent annonce notre prompte mort
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Le progrès est là, mais les mœurs s’en vont à galop
Que dire d’un papa promenant sa fille en demi habillée ?
Que dire d’une maman au dehors la nuit trop maquillée ?
Des festivals, des concerts, les corps s’entrelacent un peu trop
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Quand ma tasse se vide dans ma gorge bien serrée,
Je promène mon dernier regard sur l’immense place
Lourdement je me lève, je fonds comme une glace
Les pas lents, la tête pensive, et le cœur atterré
Nador, 27/07/2007